A quel sujet je ne m'attaque pas là ! Vais-je me fais insulter de sale féministe qui voit le mal partout ? Oui je suis féministe : à partir du moment où on souhaite l'égalité entre hommes et femmes je suppose qu'on l'est non ? On vit dans une société à domination masculine, pas la peine de le nier, ça n'arrangerai rien au problème. Et cette domination masculine ce ressent dans à peu près tous les domaines et aujourd'hui j'ai envie de parler des séries télé. On voit du sexisme dans à peu près 90% des séries télé et pour ne pas avoir un masse trop immense à traiter je vais m'attarder ici sur mes deux séries préférées : Doctor Who et Sherlock.
Ah que ça me fait du mal de l'admettre mais c'est tellement flagrant finalement. J'avoue que lorsque je regarde un épisode, je me mets un voile devant la face pour pouvoir profiter du moment. Mais quand on prend un peu de recul, ça fait mal. Si j'ai choisi ces deux séries, ce n'est pas seulement parce que ce sont mes préférées, mais aussi car elles ont une chose en commun qui a beaucoup à voir avec ledit sexisme, j'ai nommé : Steven Moffat.
Moffat est showrunner de Doctor Who depuis 2010, bien qu'il ai écrit des épisodes pour la série depuis 2005 (je ne vais pas m'attarder sur la série classique qui elle est profondément patriarcale, rien à redire la dessus) et scénariste sur Sherlock depuis le lancement en 2010. Moffat, peu importe ce qu'il en dira, est un profond misogyne. Il suffit de voir ses interviews et on le comprend directement. Petit exemple, histoire de vous mettre dans le bain : Monsieur Moffat a affirmé que les hommes n'avaient pas besoin plus que ça des femmes ; mais que elles, à l'inverse, ne pouvaient pas se passer des hommes : qu'elles passaient leur temps à chasser le mari (je paraphrase). Et je suis gentille, je ne vous met qu'un exemple. Sinon, cet article est full of SPOILER :)
Doctor Who
Quand Moffat a reprit les commandes du show à Russel T. Davies (miss you guy), les personnages féminins ce sont légèrement bien cassés la gueule en prenant un schéma tout à fait simple : leur vie, leur univers tout entier ne tourne QUE autour du Doctor.
Amelia Pond - Clara Oswald - River Song
La vie de ses trois femmes tourne entièrement autour du Doctor. Bien que River Song soit un personnage intégré sous l'ère Davies, Moffat en a repris les reines et à bien tout fait à sa sauce. Les trois connaissent le Doctor depuis l'enfance (il rencontre Amy à 7 ans, va voir Clara dans son passé, et a vu River à plusieurs moments de sa vie et se régénérer) et leur vie toute entière ne tourne qu'autour de lui. Pas de background bien défini comme avec Rose Tyler (Jackie, Mickey, son job), Martha Jones (sa famille, son boulot de médecin) ou Donna (Wilfred <3), on se fiche de leur vie en dehors de ce qu'elles vivent avec le Doctor. D'ailleurs elles ne sont que desénigmes à résoudre: Amy et sa grossesse mystique (ah le schéma récurent des séries SF..), Clara la fille impossible (dont le seul but de sa vie est de sauver le Doctor, notons le), découvrir l'identité de River (qui a été élevée pour le tuer, va en prison pour son "meurtre" et l'épouse, quand même.. je me demande ce que Davies avait prévu pour elle). Et bien sûr elles craquent toutes sur lui, toutes les filles, n'importe lesquelles ne peuvent qu'aimer le Doctor (même quand il se comporte comme une merde avec Clara dans le dernier Christmas Special). Alors que regardez un peu les personnages de Davies : Rose l'aime clairement mais c'est réciproque, Martha bien sûr l'a aimé aussi mais quand elle a vu que ce n'était définitivement pas réciproque elle a laissé tomber le Doctor (et elle a bien eu raison), et Donna elle (une de mes compagnes préférées) c'est LA meilleure amie, pas d'amour entre eux (ce qui a permit de le remettre dans le droit chemin car Ten faisait vraiment tout et n'importe quoi !). Il n'y a rien de mal à voir une compagne amoureuse du Doctor mais quand le schéma est récurrent comme ça, c'est juste pas possible.
Concentrons nous sur Amy et Clara a qui on donne des métiers typiquement féminins. Amy est jolie ? Elle sera kissagram, mannequin (et accessoirement journaliste et écrivaine, on lui file un peu tout à l'arrache vu qu'on s'en fout de sa vie), et Clara est professeure des écoles, Clara est parfaite, Clara écoute toujours bien le Doctor, Clara a un petit thème musical tout mignon qui sent la fleur : STOP. Et là ou Davies traitait ses personnages comme des femmes"Bad Wolf""The Woman who walked the earth""The most important woman in the universe", Moffat les traite clairement comme des petites filles "The GIRL who waited""The impossible GIRL". D'ailleurs le Doctor ne les voit et ne les traite que comme des petites filles ; voyez comme il appelle Amy par son prénom complet Amelia quand il s'inquiète pour elle (voyez comme Amy qui se faisait toujours appelé Amy Pond même après sont mariage avec Rory se retrouve en Amelia Williams sur sa pierre tombale, toujours être la femme d'un homme.)
Amy est la première compagne de Eleven (qui est mon préféré pourtant). Le Doctor la rencontre enfant et la retrouve douze ans plus tard (puis encore deux ans plus tard). La vie de Amy tourne autour de deux hommes : Rory et le Doctor, rien d'autre. Elle va passer son temps à "jongler" entre les deux sans qu'on en voit plus sur elle. Une tante qu'on ne voit jamais, des parents qui ont disparu dans la fissure de son mur et qui reviennent le temps d'un épisode seulement pour ne plus les revoir ensuite.
Et tout cela ne vaut pas seulement pour les personnages principaux. Regardez les autres épisodes que Moffat a écrit durant l'ère Davies.. Prenons un exemple simple avec celui avec Reinette (Madame de Pompadour) : sa vie entière est ponctuée par les arrivées du Doctor, sa vie tourne autour de lui, de son enfance à sa mort (le Doctor et le Roi). Elle l'attend patiemment, l'aime éperdument et elle est une grosse énigme à résoudre.. Et vous vous souvenez du nom de l'épisode ? The GIRL in the Fireplace. Et les personnages féminins sont très souvent traités ainsi dans les anciens épisodes de Moffat et dans les récents également. Jenny, la femme de Madame Vastra, ouvertement lesbienne qui se fait embrasser langoureusement, sans gêne par le Doctor dans The Crimson Horror(heureusement qu'elle lui colle une bonne baffe), Tasha Lem dans The Time of the Doctor qui bien sûr a eu une histoire avec le Doctor.. Je pourrais encore continuer longtemps, mais je crois que vous avez saisi le concept.. Les femmes aiment et ne vivent que par et pour le Doctor.
Sherlock
J'ai eu du mal a regarder les choses en face pour Sherlock, tellement je ne voulais pas voir la vérité et pourtant..
Molly Hooper
Pauvre Molly, triste Molly. Traitée comme une moins que rien par Sherlock depuis le premier épisode, humiliée constamment et pourtant toujours aussi amoureuse. Molly qui se remet de Sherlock et va de l'avant avec.. un clone de celui-ci, on pouvait pas faire autrement quoi.. Sherlock qui se rend quand même compte de son comportement et commence a apporter plus d'attention et de respect à Molly dans la saison trois, mais le mal est fait ! (en vrai, j'avoue, je ship Sherlock/Molly, dur..). Molly est un personnage que j'adore et je suis quand même ravie de remarquer comme elle évolue dans la saison 3, plus indépendante, plus rentre dedans, elle ne le laisse plus marcher dessus comme avant.
Mrs Hudson
"I'm not your housekeeper" mais en fait si. Mrs Hudson est vraiment très mal traitée par Sherlock ET par John qui la prennent clairement pour le larbin de base. Toujours là pour nettoyer, préparer à manger ou le thé quand ces messieurs ont envie (et Sherlock qui croyait tout naturellement que le thé arrivait comme par miracle tous les matins). Et quand Mrs Hudson est vraiment trop chiante un bon petit "SHUT UP" dans sa face parce que bon, ça va bien cinq minutes. Pourtant Mrs Hudson est un personnage que j'apprécie énormément, Una Stubbs est parfaite et toujours très drôle mais voilà, la façon dont elle est traitée est tout bonnement inacceptable. Sans oublier que Mrs Hudson avait un mari, et bien sûr elle était bien trop amoureuse et stupide pour se rendre compte qu'il avait une tonne de maitresses et était un criminel, oui oui.
Irène Adler.
Dans le canon, Irène est LA femme qui bat enfin Sherlock mais là, dans Scandal in Belgravia, Sherlock est toujours plus malin. Parce que oui Irène (lesbienne revendiquée et assumée) tombe amoureuse de Sherlock (le fantasme du mâle de convertir une lesbienne..) et du coup, se fait avoir à son propre jeu. Irène, femme forte et intelligente a toujours besoin de Sherlock et devient un belle petite damoiselle en détresse puisque Monsieur vient la sauver (on ne sait comment) de la peine de mort à la fin de l'épisode. Et puis quand Irène revient le temps d'un quart de seconde dans le mind palace de Sherlock, c'est dans sa battle dress (donc nue) s'il vous plait (sinon c'est pas drôle).
Janine
Ah Janine, en voilà une qui a vraiment été traité comme de la merde du début à la fin ! Sherlock a entreprit une relation avec elle dans le seul but d'accéder à Magnussen et vient même jusqu'à la demander en mariage pour entrer dans les bureaux dudit Charles Augustus. Mais tout ça, c'est pas grave, puisque Janine est une pute (c'est pas moi qui le dit, c'est Sherlock). Bah oui, Janine après s'être faite humiliée va vendre des histoires fausses à la presse sur Sherlock pour se faire de l'argent, du coup Sherlock et elle sont quittes puisque c'est vraiment une pute.
Mary Morstan/Watson (AGRA)
Au premier abord on ne remarque pas tout de suite ce qui cloche, pourtant.. Mary, adorable compagne (et vraiment intelligente et super badass quand même) de John se révèle en fait être une ancienne tueuse professionnelle. Mais pour l'amour de son homme elle ne fait plus tout ça, elle retourne à un petite vie tranquille : assistante de John dans son cabinet, femme mariée avec sa petite maison et future maman. Eh puis, on s'en fout bien de son vrai nom, de sa vrai histoire,"Mary Watson" le nom de son homme, c'est le seul nom qui importe, c'est bien suffisant.
Mrs Holmes
Terminons rapidement avec la maman Holmes, brillante mathématicienne qui, pour ses enfants a mis une croix sur sa brillante carrière pour être femme au foyer et élever ses deux fils ingrats !
Cependant, je trouve que les femmes sont quand même mieux représentées (dans la diversité dirons nous) dans Sherlock. On s'approche plus de la réalité, de la palette de femmes qui existent : on est toutes différentes quoi.
Je termine cet article en précisant évidemment qu'il n'y a RIEN de mal à aimer un homme, vouloir fonder une famille, se marier, être femme au foyer et tout ce qui s'en suit. Le soucis c'est que, comme vous le voyez ici, ce schéma est extrêmement récurrent et le rôle de la femme se retrouve ici réduit à ses relations avec le héros (et les hommes en général) de la série et ça, ça me dérange vraiment. Alors oui j’encense très souvent ces séries sur mon blog, aimer quelque chose n'empêche pas d'avoir des choses à en redire. Ça ne m'empêchera de prendre toujours autant de plaisir à regarder ces séries, mais il y aura toujours ce sexisme qui viendra me titiller au moment où je m'y attend le moins (quand je serais bien tranquille à fond dans l'épisode, la petite voix qui vient te dire que là, ça cloche)